samedi 13 octobre 2012

Roms, bannis universels

Si je me souviens bien, ce devait être fin août 2010. Je sortais de l'école en cette période de seconde session, quand j'ai croisé une amie, la photographe Damienne Flipo. Elle était en colère: suite au saccage d'un village du centre de la France par des Gens du Voyage après la mort de l'un d'eux, le président Nicolas Sarkozy avait décidé de faire la chasse aux Roms, soudain responsables de tous les maux de la France. Damienne a longtemps photographié les Gitans, partageant leur quotidien au fil de leurs déplacements. Il faut faire quelque chose contre cette stigmatisation, me dit-elle!
Je ne connaissais rien des Roms, des Gitans, des Gens du voyage, mais je lui ai promis de me pencher sur la question. Je me suis documenté, ai commencé à écrire, puis nous est venue l'idée d'interpeller le P.A.C. (Présence et Action Culturelles) sur ces questions. Yanic Samzun, qui en était le secrétaire général (et qui est malheureusement décédé depuis), a embrayé immédiatement. Un collectif dynamique s'est mis en place autour du PAC Wallonie picarde, fédérant plusieurs associations et des citoyens engagés. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées, avec exposition (notamment des photos de Damienne), concerts, spectacles, colloques. Et l'édition du livre "Gitans" avec des photos de Damienne Flipo et mon texte repris ci-dessous.



Rom, l'unique objet de mon ressentiment
                        

Mais, Monsieur, que Monsieur me pardonne ! ces Bohémiens, c’est tout vauriens, chapardeurs et compagnie !...  Ces gens-là vont vous causer des tas d'ennuis... Nestor, dans Les Bijoux de la Castafiore, Hergé

L’homme du XXIe  siècle ne tient pas en place. Un jour, il est ici, un autre là. Pour un oui, pour un non, pour profiter d’un rayon de soleil, pour faire ses courses, pour prendre des vacances, pour changer d’air, il se déplace. Il a la bougeotte. Il prend sa voiture, le train ou l’avion et traverse l’Europe. Voire la planète. Parfois, il roule en camping-car ou en caravane qui lui tient lieu de maison mobile. Il choisit sa destination et il y va. Rien n’arrête l’homme du XXIe  siècle. Il ne résiste pas à l’appel des sirènes exotiques, aux prix cassés, aux invitations aux voyages, aux city trips, aux packs de découverte. Il s’évade. Il en a bien besoin.
Durant l’été 2010, les responsables des aéroports et les voyagistes se sont inquiétés : allaient-ils devoir fermer boutique ? L’homme du XXIe  siècle allait-il être arrêté dans son bel élan ? Un premier ministre avait alors décrété que "le mode de vie nomade est de moins en moins adapté à la vie d'une société moderne" [1].

Le Rom du XXIe  siècle voyage moins que ses ancêtres, par choix ou parce qu’il n’en a pas d’autre. Par raison ou par obligation, il s’est, souvent, sédentarisé. Même si le voyage reste sa vie, le fondement de sa culture. Sédentarisé, il peut garder l’envie de « se remettre sur le voyage ». Mais il ne choisit plus sa destination. On le renvoie chez lui. Même s’il n’a pas de chez lui. 
Ceux qui continuent à voyager se déplacent le plus souvent en fonction de possibilités de travail, pour des raisons familiales ou pour trouver un endroit où se poser.  Le Rom du XXIe  siècle (qu’on l’appelle Rom, Tsigane, Gitan, Manouche, Voyageur… ) reste en quête d’accueil, d’un statut de citoyen. Il cherche sa place.

L’homme du XXIe  siècle voyage assis. Le Rom voyage debout. Les photos de Damienne Flipo montrent des Roms tels qu’ils vivent, entre fierté et résignation, entre voyage et statisme, entre intérieur et extérieur. Elle les a suivis ou rejoints, à plusieurs reprises, partageant leur quotidien, en Belgique, dans le nord de la France, à Marseille…

Roms, Gitanos, Tsiganes, Gens du Voyage…?

Les Roms constituent un des rares peuples - le seul peut-être - sans territoire et qui n’en revendiquent aucun. Un peuple sans armée. Un peuple sans système politique, sans représentant véritable à l’échelle internationale.
Les Roms constituent un peuple qui n’en est pas un… tout en se réclamant d’une même bannière. Un peuple bigarré aux appellations multiples : Roms, Gitans, Tsiganes, Manouches, Gens du Voyage, Sintis, Yéniches… Et chaque pays a lui-même traduit ces noms dans sa langue :  Gypsies, Gitanos, Bohémiens, Zingari, Zigeuners, Cigany, Cikan…
« Dans les années ’70, explique l’historienne Henriette Asséo [2], les intellectuels de l’Union Romani, issus du bloc soviétique, ont créé un mouvement politique international. Ils ont choisi le terme générique « Rom » pour désigner toutes les communautés tziganes d’Europe. »

Dans le statut-cadre qu’il revendique au sein de l’Union européenne, le Réseau « rrom » définit la "nation rromani » de la manière suivante :
« L'ensemble des Rroms, Sintés et Kalés s'est défini comme "nation rromani sans territoire compact et sans prétention à un tel territoire" (…) La nation rromani se démarque des épithètes de "tsigane", "Gypsy" et similaires aussi bien pour elle-même que pour n'importe quelle autre identité, à moins qu'un groupe humain n’en revendique explicitement la qualité ; dans un tel cas, l’utilisation de ce mot sera limité aux personnes concernées.
Il n'existe pas de critères définitoires déterminant l'identité rromani, mais un faisceau de références dont les plus saillantes sont les suivantes :
a) une commune origine indienne du nord ; (…)
b) une langue rromani commune, soit en usage effectif traditionnel, soit en souvenir que des ancêtres l'avaient pratiquée. ( …)  Malgré les emprunts européens, mineurs, mais bien visibles et donnant une impression erronée d'éclatement dialectal, le rromani constitue une seule et même langue dont l'unité est remarquable, même si certains groupes en ont perdu tout ou partie de l'usage.
c) un élément byzantin et balkanique important, à la fois culturel et linguistique, faisant des Balkans un second berceau de l'ethnogénèse rromani, d'où les Rroms ont rayonné dans toute l'Europe et au-delà.
d) un certain nombre de valeurs philosophiques et humaines communes, (…)
e) une intégration de degré variable, par le sang et/ou les alliances, au réseau des familles rromani en Europe.
f) enfin, une conscience d'appartenir avec fierté à une commune nation rromani, quels que soient les mots utilisés localement pour la nommer, les personnes n'appartenant pas à cette collectivité étant désignées traditionnellement sous divers noms dont le plus répandu est gazo, féminin gazi ». (§4)
« La nation rromani ne se reconnaît pas dans les diverses étiquettes qui lui ont été imposées par l'histoire, comme essentiellement nomade, comme caractérisée par telle ou telle couleur de peau, tel ou tel aspect, telle ou telle profession, telle ou telle confession etc.. — encore moins espionne des Turcs, magicienne, délinquante, irresponsable, ignare et autres qualificatifs soit ouvertement racistes, soit déguisés en pseudo-valeurs  paternalistes. » (§5) [3]

Boucs émissaires

C’était le 17 juillet 2010. Dans le centre de la France, un jeune conducteur a été abattu par la police après un vol, alors qu'il fuyait en voiture. De colère, ses proches ont saccagé le centre de la commune de Saint-Aignan-sur-Cher. Dès lors, le président français a décidé de renvoyer chez eux, en Roumanie ou en Bulgarie, des Roms par centaines. Ces derniers n’ont pas bien compris ce qui leur arrivait, n'étant en rien concernés par les événements du Cher : "à Saint-Aignan, ce sont des Gens du Voyage qui ne voyagent plus, français à cent pour cent et sédentarisés qui ont déboulé dans la ville. Et à qui Sarko a-t-il déclaré la guerre le 26 juillet? A des étrangers nomades, venus de Roumanie, de Bulgarie ou de Hongrie." [4]
Le Premier Ministre et son Président ont donc eu une idée lumineuse : rapatrier des sans-patrie. Il fallait y penser. Les Roms ont bien un pays auquel ils sont officiellement rattachés. Mais ils n’y ont pas de place, ne s’y sentent pas chez eux. Les Roms seraient 1,5 à 2 millions en Roumanie, soit 10% de la population. 90% d’entre eux sont considérés comme pauvres, 70% vivent en dessous du seuil de pauvreté.[5]
Considérant l’incompatibilité du mode de vie nomade avec notre société moderne et raisonnant comme Nestor, le majordome du Capitaine Haddock, le président et le gouvernement français ont décidé que les Roms étaient les principaux responsables de l’insécurité dans leur pays. Ils se sont fixé un objectif : démanteler trois cents camps  illégaux pour la fin de l’année 2010.  A la mi-août, en quinze jours, plus de quarante d’entre eux l’avaient été.

Il y a les nomades à qui on déroule le tapis rouge – on les appelle touristes -  et ceux qu'on jette par la fenêtre – on les appelle Roms ou Tsiganes ou Manouches ou Gitans. Les uns sont modernes, les autres ne le sont pas encore. Les aires de stationnement pour camping-cars se multiplient dans les communes. Les aires pour les Gens du Voyage restent rares.


Victimes de l’Holocauste

Dans les années 1930, les Roms ont été déchus de leurs droits civiques en Allemagne. Dès 1936, les premiers d’entre eux furent envoyés dans des camps de travail. Les premières exécutions massives eurent lieu dès le début de la guerre. 500.000 Roms et Sintis ont été massacrés à Auschwitz. Comme pour les Juifs, ce sont des motifs exclusivement raciaux qui furent à l’origine de cet holocauste. Il a fallu attendre 1982 pour que l’Etat allemand reconnaisse sa responsabilité dans ce génocide. Un mémorial aux Roms et Sintis victimes du nazisme est en construction à Berlin.[6]

En France, dès avril 1940, un décret du président Lebrun interdit aux nomades de circuler. Puis, les Allemands les font enfermer dans des camps. Six mille le seront, par le régime de Vichy. « C’est ça qui me choque le plus », dit Raymond Gurême, citoyen français, l’un des derniers rescapés de ces camps. « Ce sont les Français qui nous ont arrêtés et on était bien en France dans les camps ! Ils n’ont même pas été capables de nous dire pourquoi ils nous arrêtaient. Ils nous ont sortis des caravanes de force, femmes, enfants, vieillards. Et puis, direction Poitiers. Alors là, c’était un camp de concentration. »
Aujourd’hui, en 2011, Raymond a 86 ans. Lui et sa famille reçoivent toujours la visite de la police : « c’est de pire en pire depuis que j’ai écrit mon livre [7]. Ca n’arrête pas. Ils sont encore venus chez moi, ils ont cassé les portes. Ils ont foutu les gamins en bas du lit, les ont menottés. On leur a dit : pourquoi vous leur mettez les menottes ? Ils n’ont rien fait ! Ils ont dit : parce que ça nous fait plaisir et on reviendra quand on voudra.» [8] Raymond aimerait juste une reconnaissance par l’Etat français de ce que lui et les siens ont vécu. Mais l’histoire tourne en rond…

« Il y a trop d’étrangers dans le monde », disait Pierre Desproges. Ce constat est partagé par les gouvernements de plusieurs pays européens en ce début de XXIe  siècle : l’étranger est la source de trop de problèmes. « Le soupçon systématique à l’encontre des étrangers érigés en « problème » joue in fine un rôle décisif dans la racialisation de la société », estime le sociologue Eric Fassin[9]  Il rappelle que les Roms et les Gens du Voyage aujourd’hui stigmatisés sont parfois français, en tout cas tous européens. « N’empêche, dit-il, ils sont traités comme une catégorie à part, des citoyens de seconde zone. (…) Cette politique a des effets sur l’ensemble des Français. On ne peut racialiser les autres sans racialiser l’identité nationale. » Il faut dire que les Roms sont les plus étrangers des étrangers. Même chez eux, ils le sont.
Certains d’entre eux cependant aiment se présenter comme membres d’une nation européenne avant l’heure. Dans cette Europe où ont disparu les frontières internes, chacun est libre de voyager. Mais les Voyageurs pas autant que les autres. 

QUELQUES CHIFFRES

Les Roms seraient 10 millions à  travers l’Europe : 2 millions en Roumanie, 800.000 en Bulgarie, 400.000 « Gens du Voyage » et Roms en France, 140.000 en Italie. D’importantes communautés en Slovaquie et dans les républiques de l’ex-Yougoslavie. [10]

« Les services de l’Etat (en France) estiment que le monde du Voyage, quel que soit le mode d’habitat et de vie, compte entre 280.000 et 400.000 personnes. » (M. Bordigoni) [11]

En Belgique, les Gens du Voyage représentent quelque 15.000 personnes, équitablement réparties entre Flandre, Wallonie et Bruxelles. 
Les Roms en Belgique seraient plus de 20.000, venus essentiellement de Roumanie, Bulgarie, Macédoine, Serbie, Bosnie, Slovaquie. « Avant leur arrivée en Belgique, la plupart d’entre eux a déjà été victime de discriminations, de relégation dans des quartiers et régions abandonnés, voire parfois même de pogroms. » [12]

« Seulement 15.000 Roms roumains et bulgares vivent en France. Et moins de 300.000 sans papiers pour 65 millions de Français. C’est huit fois moins qu’aux Etats-Unis, avec leurs 12 millions de clandestins pour 310 millions d’Américains », rappelle le sociologue  Eric Fassin. [13]

250.000 à 500.000 Tsiganes, considérés, comme membres d’une « race inférieure », ont été massacrés par les nazis.[14]


Quand je regarde le feu, dit Angéline, je pense à mes parents.                                                               Partis vers les camps en croyant qu’ils auraient du travail                                           (Alice Ferney : Grâce et dénuement)

Les Roms ont bon dos. Et l’habitude. L’habitude de servir de boucs émissaires. 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, 500.000 d’entre eux ont été massacrés en Europe. Des milliers dans une France qui avait ouvert sur l’ensemble de son territoire, en zone occupée comme en zone « libre », trente camps d’enfermement de Tsiganes. Durant le XXe  siècle, les Roms ont été balayés par les vents mauvais des politiques européennes. Et on en vit ainsi transformés, contre leur gré, de sédentarisés en nomades.
25.000 Roms ont été déportés par le régime fasciste roumain. 11.000 d’entre eux sont morts dans les camps de concentration de Transnistrie. Les justifications? Le nomadisme, le manque de moyens de subsistance pour s’auto-entretenir, la criminalité. Mais tous les Roumains n’ont – heureusement -  pas subi le même sort sous prétexte que certains d’entre eux sont des criminels ou sont pauvres. Les Roms, eux, sont tous dans le même sac.
Existent-ils, ces Roms ? Les Assises pour l’Egalité des Chances, les Assises de l’Interculturalité n’en ont pas parlé, ou si peu. En Belgique, les quinze mille gens du Voyage ne représentent aucun enjeu électoral…

Idées reçues

Le Rom traîne son lot d’idées reçues. Il est lourd. 


Cela n’intéressait personne : des gens qui vivaient dans la boue, sans papiers, ni travail, ni eau, ni électricité.[15]
                        
Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne vit pas comme nous. La norme d’habitat aujourd’hui, c’est la maison « quatre façades ». Chacun chez soi, derrière sa haie taillée en mur, et les vaches seront bien gardées. Les Roms vivent en caravanes. Et quand ils habitent de « vraies maisons », ils continuent à  partager en famille les repas, les soirées, les échanges. Le Rom n’est pas normal.

Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne travaille pas, on n’a pas de salaire, on vit comme des « marchands de loques », de la récup’, de la mendicité. 
Depuis toujours, les Roms ont assumé des activités temporaires ou saisonnières (cueillette, vendange), ont travaillé comme ferrailleurs, rémouleurs, porteurs, élagueurs, ont vendu des chevaux ou leurs propres productions, ont presté des services auprès de différents corps de métiers ou des habitants. Un vrai travail donc, même s’il est mené de manière épisodique. A cause des réglementations nouvelles - et logiques - sur le recyclage, ce vieux métier, qui était le leur, leur échappe de plus en plus.
Les revenus peuvent tout aussi bien provenir de gains de jeux, de mendicité ou d’aides publiques. Ou d’un salaire aussi, pour autant qu’ils deviennent « invisibles », qu’ils n’apparaissent pas comme Roms, pour ne pas susciter la méfiance de leurs employeurs, de leurs clients ou de leurs patients.

A l’accueil de l’hôpital, les regards se portaient sur eux avec                           insistance. Discrètement, les femmes vérifiaient leurs sacs à main.
                                                
Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne travaille pas, on vole, on se conduit comme un brigand. En France, en 2009, 1,2% des personnes accusées de délit (accusées, et non condamnées) était roumaines (et pas seulement des Roms).[16] Mais les voleurs sont fatalement les Roms. Et inversement.

 Ils n’essayèrent pas non plus les pompiers, personne ne se                                               déplaçait jamais pour eux, pas même les éboueurs qui ne venaient plus par là depuis que les Gitans y étaient.
                                                            
Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on est sale, on s’installe dans la fange et dans la crasse. Comme ceux que le Capitaine Haddock accueille dans le parc de son château pour les sortir du dépotoir sur lequel les a installés la commune, certains Roms n’ont d’autre choix que de vivre là où « on » veut bien les laisser survivre. Souvent dans des zones abandonnées, sans accès à l’eau, sans ramassage des poubelles. Les rejets dont ils sont l’objet amènent certains d’entre eux, souvent parmi les plus jeunes, à dégrader ou à laisser sales les espaces qu’on leur concède de mauvais gré. Au mépris répond le mépris. Parfois, les ordures servent de frontières, délimitent des mondes qui sont propres – au propre comme au figuré - de part et d’autre. Ailleurs, là où existent de véritables espaces d’accueil équipés, les familles s’en avèrent respectueuses. Un coup d’œil objectif sur tant de campements en témoigne : ils sont d’une propreté exemplaire. Un exemple : à Quiévrain, durant l’été 2011, la Commune et IDEA ont accepté que des Gens du Voyage s’installent dans le zoning durant une semaine. Les responsables du campement se sont engagés à faire respecter les règles en matière d’environnement et ont pris en charge l’installation de toilettes et d’un point d’eau. « Signe de bonne foi, dit le bourgmestre, les responsables du camp ont demandé à ce que nous rappelions les règles devant l’ensemble de la communauté. » [17]

Faut vous dire, Monsieur, que ces gens-là ne sont pas comme nous.

Mais ils offrirent un matériau à la peur, la haine et la compassion :                 
les autres ne comprenaient pas la vie des Gitans.
                                                                        
Si les Roms sont porteurs de tant d’idées toutes faites, c’est que leur culture est très différente de la nôtre. C’est sans doute pour cela aussi qu’ils peuvent être aussi facilement rejetés et que si peu d’entre nous se lèvent pour défendre ce peuple qui ne le fait pas lui-même. « Mon peuple ne sait pas protester, il vit dans la peur », dit Esméralda Romanez, présidente de Samudaripen et de l’Amidt (l’Association pour la mémoire de l’internement et de la déportation tsigane) [18] .

Une étude, menée en France fin des années ’70 – début des années ’80  et  intitulée « Femmes tsiganes »[19] fait apparaître diverses caractéristiques, le plus souvent confirmées par un ouvrage de Marc Bordigoni rédigé trente ans plus tard. [20]

Personne n’était jamais seul et chacun se mêlait des autres.
                                                                        
Même chez les Tsiganes sédentaires, la vie diurne s’organise au niveau du groupe. Le travail, les loisirs, les repas, les « temps morts » sont partagés, le plus souvent à l’extérieur. La maison ou la caravane n’est utilisée que pour y dormir. Le groupe est espace de solidarité, il protège ses membres du rejet dont ils sont victimes de la part du reste de la population.
Là où les Roms sont comme les autres, comme nous, c’est dans leur rapport à la télé : première activité de loisirs. Viennent ensuite les activités collectives : visites, fêtes, discussions, rencontres, musique…
« Etre ensemble, un parmi les siens est une manière d’être Tsigane, écrit Marc Bordigoni. Il n’existe pas de Tsigane seul ». [21]
                                    
Misia aimait être seule, c’était le comble pour une Gitane.
                        
Les Tsiganes âgés ne terminent pas leur vie en maison de repos. Et les enfants vivent le plus possible au sein du groupe : plutôt ne pas aller à l’école que de passer des journées entières confiés à des inconnus.

Angéline riait. Oui, les enfants étaient le premier bonheur.

Souvent nombreux, les enfants constituent la première richesse de la famille, une garantie de prise en charge pour les parents en fin de vie. Ils ne sont pas les enfants que de leurs parents, mais de l’ensemble du groupe. 
Ils deviennent vite productifs, participent totalement à la vie du groupe. Ils sont élevés sans véritables règles et modèles. Ils mangent quand ils ont faim, dorment quand ils sont fatigués, se développent à leur rythme. 

L’école, c’est pas pour les Gitans ! disait Angéline.                                                 Personne voudrait de nous ! disait Milena. Nos enfants, dit Misia, sont pas assez bien pour l’école.

Ils vont à l’école s’ils le demandent eux-mêmes ou s’ils y sont contraints. Et quand ils y vont, c’est le plus souvent pour savoir lire et écrire. En général, la demande s’arrête là : savoir lire « pour les papiers ». La formation donne priorité aux acquisitions internes au groupe. Selon une étude de la Banque mondiale, seuls 42 % des enfants roms terminent l‘école primaire, alors que la moyenne européenne est de 97,5%. [22]
Les Roms (ou Tsiganes ou Gitans ou…) constituent principalement une société orale.  L’échange direct, avec les autres membres du groupe, y est essentiel et primordial. L’école où domine l’écrit s’inscrit dans une autre culture. L’administration avec ce qu’elle entraîne et exige de documents à remplir appartient au même monde étranger.

Les lois et les règles modernes avaient compliqué le passage d’une ville à une autre et ils s’étaient sédentarisés, comme la plupart des Gitans.
                        
Le voyage reste le fondement de leur culture. S’affirmer voyageur, même si on ne voyage plus, c’est affirmer son appartenance à une culture. Des familles aujourd’hui sédentaires ont voyagé et repartiront peut-être un jour. Des jeunes prennent la route, même si leurs parents n’ont jamais voyagé. Certaines familles ne se déplacent qu’un mois par an, mais passent le reste de l’année, dans une maison ou dans une caravane fixe, avec l’idée de partir. Et le voyage n’est pas errance : les déplacements sont fonction du travail et de la vie sociale.
Leur relation au travail « rend difficile leur classement par rapport aux critères d’ordre économique ou professionnel de la société moderne » [23]. Ils se déplacent quand ils ont besoin d’argent, en fonction des travaux saisonniers ou temporaires qu’on leur propose. Par exemple, récoltes, cueillettes, vendanges ou marchés et fêtes foraines. « Est-ce une forme atavique de nomadisme ou une capacité à s’adapter aux réalités économiques du temps ? », interroge M. Bordigoni. [24] Ils ont leurs habitudes dans telle commune où ils aiment revenir, où on leur offre du travail et où ils sont bien accueillis. On ne peut en tout cas parler d’eux comme d’errants. C’est le travail, la famille ou des rassemblements (fête, pèlerinage) qui explique le voyage.

On veut rien, dit Angéline, on a pas besoin de tant que vous.                                        Y a que le sang qui est important, dit-elle, les enfants qu’on a faits.       

Ils se satisfont de l’essentiel, savent tirer parti de tout. « L’accumulation n’est pas non plus un objectif, individuel ou collectif, bien au contraire la redistribution et le partage semblent des obligations de facto, si elles ne sont pas revendiquées explicitement », explique M. Bordigoni qui ajoute qu’il existe néanmoins une « épargne de sécurité » qui va se loger, par exemple, dans les bijoux en or.
                                    
Ils étaient sublimes et désespérants, logés exactement dans le moment (et l’on connaît moins de tracas quand on se loge là).
                                    
Ils vivent dans le présent, là où ils sont aujourd’hui. Sans vrai projet, sans inscription dans le long terme. Même la naissance d’un enfant ne suscite pas de préparatifs. Les achats nécessaires sont effectués durant le séjour de la mère à la maternité.
En 1981, les femmes tsiganes interrogées sur leurs souhaits plaçaient en tête l’habitat : des lieux d’accueil, des possibilités de stationnement, une caravane plus belle, parfois une maison. Vient ensuite la vie familiale : « être heureuse », « avoir une vie normale » (sans que cette « normalité » soit définie), que l’homme ne boive plus, qu’il travaille, que les enfants aient un métier, qu’ils sachent se débrouiller…
L’argent ne vient qu’en quatrième position, après la santé :  les femmes tsiganes apparaissent plus sensibles au maintien d’un mode de vie traditionnel qu’à un désir de richesse. « Plutôt libre que riche », disent certaines d’entre elles.

Nous les Gitans, on n’a pas le temps d’apprendre quelque chose, un métier, le monde comment il est tourné, que déjà on se retrouve grosse, accaparée par les enfants et le mari.
                                                            
Les différences entre les classes d’âge sont importantes, tout autant que les différences hommes – femmes. Les femmes jouent un rôle capital dans la vie quotidienne et économique, la transmission des valeurs. Même si elles sont le plus souvent soumises, à leur mari, à leurs belles-mères, parfois à leurs enfants.  Plus prisonnières que gardiennes des traditions, estiment les auteurs de l’étude de 1981.  Des traditions qui ont été « le rempart de leur culture ; elles demeurent celui de leur survie ; l’archaïsme de leur situation peut choquer, mais les clichés occidentaux sont sans valeur pour une société incomprise et plus encore ignorée ». [25]

L’habitat mobile empêche d’avancer

L’administration française (et belge francophone [26]) ne reconnaît toujours pas la caravane comme une habitation. D’où l’inaccessibilité des Voyageurs à des prestations sociales auxquels ils auraient droit si leur logement était reconnu comme tel. [27]
Les Gens du Voyage n’ont évidemment pas pour objectif d’occuper illégalement des terrains, mais tout simplement de vivre selon leur culture. Ce qui les amène à réclamer des terrains officiels avec un minimum de commodités et à demander l’abrogation de la loi qui les empêche de stationner plus de 24 ou 48 heures au même endroit.

Terrains 

En 1982, la Communauté française a adopté un décret prévoyant la possibilité de subventions pour des communes et provinces en vue de l’acquisition et de l’aménagement de terrains d’accueil pour les nomades. Des subventions peu utilisées…

En Belgique, en 2010, on dénombre sept aires de transit pour les Gens du Voyage : une en Wallonie (à Bastogne), une à Bruxelles, cinq en Flandre, ainsi que trente terrains résidentiels en Flandre. [28]
« La moitié des habitants de caravanes ne trouve pas de lieu de stationnement, explique Dirk Beersmans, collaborateur au Centre des minorités flamand. En Flandre, on compte un peu moins d’une centaine d’emplacements où les Voyageurs peuvent s’arrêter, soit périodiquement, soit pour de plus courtes périodes (une à deux semaines). Or, ces emplacements doivent être partagés entre un millier de familles (belges et étrangères) qui se déplacent au travers de la Flandre chaque année.
Pour l’hivernage et des séjours plus longs qu’une à deux semaines, selon les estimations, le millier de familles de Gens du Voyage demandeuses doivent se contenter d’environ 500 emplacements résidentiels officiels. » [29]

En Wallonie, sept communes participent au projet pilote d’accueil de Gens du Voyage : Amay, Hotton, Mons, Namur, Ottignies/Louvain-la-Neuve, Sambreville et Verviers. Elles ont créé un service de médiation communale pour les Gens du Voyage.

La Ministre wallonne de l’Action sociale, Eliane Tillieux, promet un projet de décret visant à  « encourager des communes à adopter des règlements pour l’accueil des Gens du Voyage ». [30]

A Bruxelles, un premier terrain d’accueil temporaire (15 jours maximum) pour les Gens du Voyage s’est ouvert à Haren en octobre 2011.  Il compte vingt-et-un emplacements de nonante mètres carrés et un pavillon sanitaire.

En France, la loi dite « Besson » oblige, depuis 1990, les communes de plus de 5000 habitants à s’équiper d’un terrain d’accueil pour les Gens du Voyage. Selon Martine Platel du MRAP [31], vingt ans plus tard, « 42% seulement des 40.000 places identifiées par les départements comme devant être réalisées pour répondre aux besoins sont réalisées en 2009 et nombreuses sont les communes qui n’ont pas satisfait à leurs obligations ».
Ces communes ne sont pas sanctionnées. Au contraire des Roms et de leurs campements qualifiés d’illégaux. Donc détruits. 

Rudolf Sarközi s'inquiète des expulsions dont sont victimes les Roms en France : "on ne peut laisser se développer des campements sans contrôle. Il ne s'agit pas non plus de défendre la délinquance et l'oisiveté. Mais si on offrait à ces gens des terrains où ils puissent vivre dignement, ce serait un pas vers l'intégration", estime ce porte-parole des Roms d'Autriche, très éloigné des positions de son lointain cousin français. [32]

Toute personne doit être inscrite au registre de population de sa commune. Mais la caravane n’est pas reconnue comme logement. Un permis d’urbanisme est obligatoire pour installer une caravane régulièrement sur un terrain. Un permis presque impossible à obtenir. Il est pourtant indispensable pour être inscrit dans le registre de la population. Pour bénéficier de droits… Bref, les gens du Voyage tournent en rond.

Vers une reconnaissance ? 

La "nation rromani" souhaite que l'Union Européenne reconnaisse, sur l'ensemble du territoire de ses Etats-Membres, « l'existence d'une nation rromani sans territoire compact, dont la définition est celle que celle-ci se donne elle-même ». Qu’elle soit donc « l'une des nations européennes constitutives de l'Europe en pleine égalité avec toutes les autres nations qui la constituent, indépendamment de leurs rapports à des Etats et à des territoires. »
Elle souhaite que soit reconnu   « qu'au cours de l'histoire la nation rromani a été victime de persécutions multiples, tant actives que passives, qu'à l'heure actuelle elle est encore très largement en butte à des manifestations, patentes ou latentes, de tsiganophobie et que toute politique la concernant doit prendre en considération les conséquences actuelles de la discrimination multiséculaire qui l'a frappée, réduisant certains sous-groupes de Rroms à des conditions d'exclusion et de détresse particulièrement tragiques ».  [33]

L’attitude de la France (et de la Belgique, de l’Italie, de la Hongrie…) aura eu le mérite de provoquer une prise de conscience de la nécessité de prendre en charge le problème rom. Le 20 octobre 2010, pour la première fois, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe se sont concertés pour tenter de coordonner leurs actions en faveur des Roms. Ils ont décidé de mettre en place des instruments pour relier les Roms aux sociétés dans lesquelles ils vivent si mal, qu’il s’agisse de leurs pays d’origine ou de ceux qui les accueillent tant bien que mal. Le Conseil de l’Europe va former de 450 à 1500 médiateurs et de 100 à 500 juristes pour favoriser l’insertion socio-économique des Roms et les sortir de la pauvreté. [34]

Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms 
Créé en 2003, le Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms en Wallonie est un organisme « qui travaille la question des Gens du Voyage et des Roms en Wallonie dans un objectif
    * d'amélioration des conditions de vie de ceux-ci;
    * de cohabitation harmonieuse entre les populations;
    * d'un soutien des politiques (qu'elles soient locales, régionales, ...) ou des pratiques socioéducatives vis-à-vis des réalités vécues par les différentes familles.
Le CMGVRW est chargé de coordonner et d’encadrer les projets, et d’assurer le lien entre les gens du voyage et les institutions, notamment au travers d’une présence régulière sur le terrain. » [35]

En septembre 2010, la Fédération internationale des Droits de l’Homme a déposé, devant le Comité des Droits économiques et sociaux du Conseil de l’Europe, une réclamation collective contre l’Etat belge par rapport à son attitude à l’encontre des Gens du Voyage. Ses reproches : un nombre insuffisant de terrains d’accueil, un recours excessif aux expulsions, la non reconnaissance de la caravane comme logement.

En avril 2011, la Commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, a présenté au Parlement européen la « Stratégie de l’Union européenne pour l’intégration des Roms ».
Cette stratégie repose sur quatre axes forts : l’emploi, la santé, le logement, l’éducation.
En matière d’emploi, la Commissaire a cité une étude de la Banque mondiale, selon laquelle une meilleure intégration des Roms au marché du travail améliorerait à hauteur de deux milliards d’euros les finances de pays tels que la Roumanie et la République tchèque.
En matière d’éducation, elle a insisté sur la nécessité de la scolarisation, souhaitant que tous les enfants de la communauté rom  « achèvent au moins l’école primaire » (pour rappel, seuls 42 % d’entre eux y arrivent aujourd’hui, alors que la moyenne européenne est de 97,5%).
Chaque pays de l’Union européenne devra à présent adopter des mesures pour appliquer cette stratégie à son niveau. [36]

Dans ce cadre, la Ministre belge de l’Egalité des Chances, Joëlle Milquet, a annoncé en avril 2011, la création d’un Conseil national des Roms et des Gens du Voyage. Sa mission : soutenir les politiques d’inclusion de ces populations. [37]

Des projets, des solidarités

Ici ou là, des projets ont vu le jour, en soutien à des familles roms.

Ecodrom 93 [38] est de ceux-là. Il a vu le jour à Montreuil, en région parisienne, dans le quartier Branly Boissière. 
Une association de quartier s’est créée, intitulée Ecodrom 93 :  « éco » pour écologie et économie solidaire et « drom » du grec et du romanès signifiant   « le chemin ».
Le projet vise à développer une meilleure connaissance du territoire et des populations qui y vivent. Il se développe sur d’anciens terrains agricoles, municipalisés, en friche depuis une quinzaine d’années, en lien avec des familles roms, anciens agriculteurs venus de Roumanie. L’idée, c’est tout simplement de créer un espace d'agriculture en ville utilisant des techniques d'excellence environnementale, tout en impliquant les habitants au développement de cet espace par des échanges de savoirs et d’expérience entre les utilisateurs.

A Lille, l'Atelier Solidaire soutient les familles roms de la métropole, en particulier celles qui sont installées sur la friche de l'école d'architecture de Villeneuve d'Ascq. « En 2010, explique Yann Lafolie, président de l’association, nous avons commencé à reconstruire sur la friche des cabanons pour ces familles. Nous souhaitons en construire d'autres encore, installer des travaux partagés et créer une ferme pédagogique. Toutefois, la philosophie de l'Atelier Solidaire reste de "faire avec", de bâtir des projets avec les familles et de partager de la culture. » [39]
En 2000, de nombreuses familles roms se sont installées dans la ville nouvelle de Lieusaint, dans la commune de Senart en région parisienne. Plutôt que de les chasser vers d’autres communes, les autorités municipales ont développé un projet d’intégration de trente-neuf familles. Trois éducateurs sociaux  ont accompagné ces familles dans un parcours d’insertion axé sur l’emploi, la scolarisation et le logement. [40]        

La Commune d’Indre, dans la région nantaise, a créé un « village de la solidarité ». Pour un investissement de 50.000 €, elle a acheté un terrain et cinq bungalows où elle loge des familles roms, qui vivaient jusqu’alors dans un camp de fortune. Les parents se sont engagés à participer à des ateliers de recherche d’emploi, à suivre des cours d’alphabétisation et à mettre leurs enfants à l’école. [41]

A Bruxelles, des citoyens ont créé la Fondation Les Petits Samouraïs, pour tenter de trouver des logements pour des familles, roms notamment, qui  vivent dans la rue. Au-delà du logement, la Fondation essaie de réunir des moyens matériels pour aider ces familles à vivre et  axe son travail d’accompagnement sur les activités artistiques et la pédagogie. [42]


Je ne sais pas ce qui me vaut des paroles dures / Mais ma tête est tellement perturbée, il me vient à imaginer / D’aller chercher pour me défendre mon seigneur, maître de l’autre monde / Quand je vais de par les rues, que je me promène dans les villages / Je suis montré du doigt, dévoré des yeux / Et alors on déclare que le plus grand mal connu dans ce monde / Qui en porte la responsabilité, sinon moi seul[43]


 A lire :

Atlas des Tsiganes, Samuel Delépine, éditions Autrement, 2012
-  Les Tsiganes, une destinée européenne, Henriette Asséo, Gallimard, coll. Découvertes ;
Interdit aux nomades, Raymond Gurême et Isabelle Ligner, éd. Calmann-Lévy, 2011 ;
Les Tsiganes en France, un sort à part, 1939-1946, Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert, Perrin ;
Ces barbelés que découvre l’histoire, Montreuil-Bellay, 1940-1946, Jacques Sigot, éd. Wallâda ;
Les Tsiganes ou le Destin sauvage des Roms de l’Est, suivi du Statut des Roms en Europe, Claire Auzias et Marcel Courthiade, éd. Michalon ;
Tsiganes. Sur la route avec les Roms Lovara, Jan Yoors, éd. Phébus ;
- Le Vent du destin – Manouches, Roms et Gitans, Michèle Brabo, Seuil ;
Samudaripen, le génocide des Tsiganes, Claire Auzias, éd. L’Esprit frappeur ; 
Sagesse et humour du peuple rrom (proverbes bilingues), Marcel Courthiade, éd. l’Harmattan ;
Les Rroms, Morgan Garo, éd. Syllepse ;
Voyage au pays des Travellers, Guillaume Thouroude, éditions Cartouche, 2012 ;
Figures de nomades, Albert Londres, Arléa Poche ;
- La revue Etudes tsiganes www.etudestsiganes.asso.fr
Migrations Magazine :  Roms, Tsiganes, Gitans :  les malentendus – n° de l’hiver 2011-2012 ;
- La mobilité, un mode de vie – Guide juridique, édité par le Centre de Médiation des Gens du Voyage en Wallonie ;

Fictions 
La guerre noble, parole gitane (roman pour ado), Luis Ruiz (auteur gitan), éditions Le navire en pleine ville, coll. Avis de tempête ;
Le prix de la liberté, Matéo Maximoff (écrivain tsigane), éd. Wallâda, coll. Waroutcho ;
Pâni et le peuple sans frontières (saga tsigane), Robert Lorier (écrivain manouche), éd. Wallâda, coll. Waroutcho ;
Liberté, Tony Gatlif, éd. Perrin ;
Zoli, Colum Mc Cann, 10/18 ;
Grâce et dénuement, Alice Ferney, Babel ;
La petite gitane, Miguel Cervantès ; 
Gitans (bande dessinée), Kkrist Mirror ;

Poésie
Paroles perdues et Sur l’épaule de l’ange (poésie), Alexandre Romanès, éd. Gallimard ;

Voir d’autres ouvrages sur

A voir :

Films de fiction
-       Les films de Tony Gatlif : Latcho Drom Gadjo Dilo Swing ; Liberté ;
-       Ceux d’Emir Kusturica : Le temps des Gitans Black Cat White Cat ;
-       Moi, ma famille rom et Woody Allen de Laura Halilovic ;
-       The Traveller Girl (Pavee Lackeen) de Perry Ogden, Irlande 2005.

Documentaires (Médiathèque de la Communauté française)
Adisa ou l’histoire des mille ans - DVD - TJ0291
Caravane 55- DVD - TI2311
Juan Carmona, le flamenco à fleur de peau - DVD - TB1730
Clejani - Histoires - DVD - TJ2176
Les Gitans – Pélérinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer - DVD - - TJ4465
Latcho Drom - DVD - TB4351
Roms en errance - DVD - TJ7833

Les œuvres du peintre allemand Otto Pankok (1893 – 1966). Classé par le régime nazi parmi les peintres « dégénérés », il a beaucoup peint le monde des Sintis, séduit « par leur sentiment de liberté, alors qu’ils vivaient dans une grande misère ».

A écouter :

- Django Reinhardt 
- CD L’épopée tsigane – Road of the gypsies (double cd édité par World Network, 1996)
- CD Honourable Brigands, Magic Horses and Evil Eye, Taraf des Haïdouks, Crammed Discs
-  CD Musique des Tziganes de Roumanie, Taraf des Haïdouks, Crammed Discs
- CD Gitans, Thierry Robin, Silex et Eclats de silex Productions
- CD Dor, Erik Marchand et le Taraf de Caransebes, BMG
-  Chanson J’ai suivi beaucoup de chemins, Colette Magny
-  Chanson Les oiseaux de passage, Georges Brassens, Jean Richepin
-  Chanson Mon pote le Gitan, Yves Montand
- http://www.rfi.fr/emission/20110905-1-Raymond-Gur%C3%AAme

A consulter :

http://roms.blog.tdg.ch/
http://rroms.blogspot.com



[1] François Fillon, cité dans Marianne, 11.09.2010.
[2] Le Monde, 04.09.2010.
[4] Le Canard Enchaîné, 04.08.2010.
[5] Le Soir, 20.09.2010.
[6] Voir « Un cœur déchiré – Aux victimes tziganes de l’Holocauste », documentaire de Ben Lewis, diffusé sur Arte le 04.09.2011.
[7]  Interdit aux nomades, Raymond Gurême et Isabelle Ligner, éd. Calmann-Lévy, 2011. 
[8] Témoignage recueilli par Yasmine Chouaki dans l’émission En sol majeur (Radio France International) diffusée le 6 septembre 2011.
[9] Télérama, 29.09.2010.
[10] La Libre Belgique (LLB), 31.12.2010.
[11] Marc Bordigoni : Les Gitans, éditions Le Cavalier Bleu, collection Idées reçues, 2010.
[12] Centre de Médiation des gens du Voyage en Wallonie, 2011.
[13] Télérama, 29.09.10
[14] LLB, 31.12.2010.
[15] Sauf indication contraire, les citations en italique sont extraites de « Grâce et dénuement », roman d’Alice Ferney, éditions Babel.
[16] Le Soir 20.09.2010.
[17] LLB, 28.07.2011.
[18] Télérama, 25.08.2010.
[19] Etude menée en France par le « Groupe des Travailleurs Sociaux du C.N.I.N. » entre 1978 et 1980 et publiée en 1981.
[20] Marc Bordigoni : Les Gitans, éditions Le Cavalier Bleu, collection Idées reçues, 2010.
[21] idem
[22] Citée par LLB, 06.04.2011.
[23] Femmes tsiganes, op. cit., p. 17.
[24] Marc Bordigoni : Les Gitans, éditions Le Cavalier Bleu, collection Idées reçues, 2010.
[25] op.cit.
[26] « Au niveau de la reconnaissance de leur habitat, au contraire de la Flandre, en Communauté française, le code du logement ne reconnaît pas la caravane comme un habitat. Cette reconnaissance est une de leurs revendications principales. » - Vincent Lurquin, avocat, in MRAX Info, mars-avril 2010.
[27] Emmanuel Filhol : La France contre ses Tsiganes, 07.07.2010 - www.laviedesidees.fr/La-France-contre-ses-Tsiganes.html.
[28] le Soir 20.09.10.
[29] MRAX Info, mars-avril 2010.
[30] LLB, 28.07.2011.
[31] MRAX Info, mars-avril 2010.
[32] Le Soir, 21.08.2010.
[33] Statut-cadre du peuple rrom en Union européenne, Document rédigé par le Réseau rrom des activistes sur les questions juridiques et politiques (RANELPI -Année 2000, revu en 2008voir texte complet sur http://www.rroma-europa.eu/fr/sc_fr.html.                                                                                                      [34] LLB 23.10.2010.                                                                                                                                                   [35] http://www.cmgv.be.                                                                                                                                                      [36] LLB, 06.04.2011.                                                                                                                                                     [37] LLB, 08.04.2011.
[38] www.ecodrom.org
[39] Nord Eclair, 16.02.2012 - http://lille-roms.blog.fr                                                                                         [40] www.dailymotion.com/video/xhvx9o_roms-presentation-du-projet-experimental-d-insertion-de-lieusaint_news
[41] www.dailymotion.com/video/xhxqf8_le-village-de-la-solidarite-a-indre_news#
[42] http://fondation-petits-samourais.meabilis.fr/
[43] extrait de Ton Moldav, in Dor, Erik Marchand et le Taraf de Caransebes, BMG