dimanche 31 mai 2015

La Cave aux sculptures

C'est à Denezé-sous-Doué, petit village du Maine-et-Loire à une trentaine de kilomètres d'Angers, qu'on peut visiter cette cave extraordinaire.
Son origine reste, aujourd'hui encore, un mystère. Date-t-elle du XVIe, du XVIIe ou du XVIIIe siècle? Certains pensent en tout cas y reconnaître Catherine de Médicis qui vécut au XVIe siècle. Ces scuptures ne peuvent donc lui être antérieures.
Longtemps fermée, la cave aux sculptures n'a été redécouverte qu'en 1956.
Le village manque hélas de moyens, les sculptures se dégradent rapidement à cause d'un excès d'humidité...
234 personnages y ont été taillés dans la roche en une gigantesque fresque qui rappelle Jheronimus Bosch. Les personnages, caricaturaux et truculents, sont tantôt grimaçants et tantôt angéliques, tantôt difformes et tantôt élégants.
Hypothèse parmi d'autres (voir l'onglet "hypothèses" sur le site http://cave.aux.sculptures.pagesperso-orange.fr): une confrérie de tailleurs de pierre aurait sculpté, en secret, les événements politiques de son époque, et notamment illustré les guerres de religion. On parle aussi de société secrète, de rituel initiatique, de temple païen, de carnaval...
Les photos ci-dessous ont été prises au printemps 2015.










samedi 2 mai 2015

Les Misters des Voix picardes

Avec les Misters des Voix picardes, de 2001 à 2015, nous avons fait pleurer dans les chaumières et dans quelques salles de spectacle, de Bruxelles à la Région Centre -Val de Loire. Nous ne chantions que des chansons tristes et affligeantes, la maladie, la mort, la dépression, le chômage, les violences familiales, la misère, la fin du monde... Et le public, allez savoir pourquoi, riait. Nerveusement sans doute. Notre répertoire était essentiellement fait de reprises de chansons réalistes des années 1920  - 1930. Mais j'ai aussi écrit (à peine écrit, parfois) quelques textes. Que voici.


SENILE
(sur l'air de Céline de Hugues Aufray,  musique : Mort Shuman, 1966)

Dis-moi, Sénile, les années ont passé
Pourquoi n’as-tu jamais pensé à te placer ?

De tous les vieux qui vivaient ici

Tu es l’ seul encore en famille.


Dis-moi, Sénile, toi qui es notre aîné
Toi qui es notre ancêtre, le premier d’la lignée,
As-tu besoin pour demeurer toi
De vivre encore sous notre toit ?


Non, non, non, ne tremble pas, non, ne tremble pas.
Tu f’ras, tu f’ras toujours un beau vieux.
Ne tremble pas, non, ne tremble pas.

Tu aurais pu rendre un home heureux.


Dis-moi, Sénile, j’t’avais pourtant donné
L’adresse d’une maison où tu s’rais entouré.

Pas question d’ t’y abandonner,

Mais on peut t’laisser t'en aller.


Mais oui, Sénile, ton avenir commence,
Cette si belle maison s’appelle la Providence.

Pour ta nouvelle vie c’t’ un bel abri.

Fais ta valise, t’ y entres lundi.

Non, non, non, ne pleure pas, non, ne pleure pas.

Tu resteras not’vieux d’autrefois.
Ne pleure pas, non, ne pleure pas.

Nous penserons toujours fort à toi.

Nous penserons toujours fort à toi.

Le Vieux: Salopards!








Deux chansons interprétées par les Misters lors du Festival Antidérapant organisé par la CIAO le 10 mai 2008, dans le cadre de la lutte contre le projet de "centre de glisse".


L’ETE PRINCIER

(sur l’air de « L’été indien », musique de Toto Cutugno)

Tu sais, je n'ai jamais été si oxygéné que ce matin-là
Nous glissions sur une piste un peu comme celle-ci
C'était l'été, la pleine canicule
Une saison qui n'existe que dans l’ouest du Hainaut
Là-bas on l'appelle l'été princier
Mais c'était tout simplement le nôtre
Avec ta combinaison jaune tu ressemblais
A une peinture subventionnée d’Edmond Dubrunfaut
Et je me souviens, je me souviens très bien
De ce que je t'ai dit ce matin-là
Il y a un an, il y a un siècle, il y a une éternité

              On skiera où tu voudras, quand tu voudras
              Et on gaspillera encore, lorsque le monde sera mort
              Tout le fric sera pareil à ce machin
              Aux couleurs du château d’Antoing

Aujourd'hui je suis très loin de ce matin d'été
Mais c'est comme si j'y skiais. Je pense à toi.
Où skies--tu? A La Plagne ou à Laplaigne ?
Je regarde cette piste qui n'atteindra jamais l’écluse
Tu vois, il faut bien dire c’qui est, comme ce centre je reviens en arrière
Comme lui je refuse l’avenir
Et je me souviens, je me souviens de l’or blanc du Pays Blanc
Du soleil et du bonheur qui brillaient sur la neige en boîte
Il y a une éternité, il y a un siècle, il y a un an

              On skiera où tu voudras, quand tu voudras
              Et on gaspillera encore, lorsque le monde sera mort
              Tout le fric sera pareil à ce machin
              Aux couleurs du château d’Antoing


 LES PROMOTEURS D’UN JOUR
(sur l’air de la chanson d’Edith Piaf : Les amants d’un jour)

Moi j'détruis la terre
Du fond d’la forêt
J'ai trop d’fric à faire
Pour pouvoir penser
Moi dans ce décor
Banal à pleurer
Il me semble encore
Les voir m’admirer

Ils sont arrivés
Bedonnants sur le ch’min
L'air émerveillé
De braves échevins
Portant le soleil
Ils étaient d’mandeurs
De plein d’emplois sûrs
Pour leurs électeurs
Au cœur d’la nature
Et je me rappelle
Qu'ils ont regardé
D'un air attendri
Les plans du projet
Au papier jauni
Quand j'ai indiqué
Le nombre d’emplois
Y avait tant de soleil
Sur leur frais minois
Qu’ ça m'a fait du bien,
Qu’ ça m'a fait du bien…

Moi j'détruis la terre
Du fond d’la forêt
J'ai trop d’fric à faire
Pour pouvoir penser
Moi dans ce décor
Banal à pleurer
C'est un rêve en or
Qu’ j’ai imaginé

J’l’ai imaginé
Centre européen
Sports, nature et  glisse
De la neige blanche et lisse
Des commerces sportifs
Des hôtels massifs
Et c’est au pas d’charge
Qu’il sera créé
Autour du Grand Large
Et je me rappelle
Avoir rassemblé
Dans le petit jour
Maires et députés
Qui m’faisaient la cour
Mais y avait aussi
Beaucoup d’entêtés
Qui n’ont rien compris
A mon beau projet
Et ça m'a fait mal,
Et ça m'a fait mal...

Moi j'détruis la terre
Du fond d’la forêt
J'ai trop d’fric à faire
Pour pouvoir penser
Moi dans ce décor
Banal à pleurer
Promoteur d’un jour
Prometteu d’bieaux jours.



Et une chanson inédite, que nous aurions dû chanter en fin de récital...


NOUS, LES MISTERS
(ou Comment soigner sa mauvaise réputation)
(sur l’air de La mauvaise réputation de G. Brassens)

C’était un foutu récital
Y avait pas grand monde dans la salle
On s’est trompé dans les paroles
Et toi, faut plus que tu rigoles
On n’chante que du triste et de l’affligeant
Faut que le public en ait pour son argent
Et bien qu’ ça soit pas des manières
On est payé pour une misère
Pour faire pleurer dans les chaumières
Nous les Misters, nous les Misters

Tout le monde pleure avec nous
Sauf les sans cœur, ça va de soi

Le vin, c’était de la piquette
L’contrat disait Château Rotschild
Faut dir’ qu’ c’est vraiment un peu bête
C’est pas facile une rime en child
Devant le buffet empli d’ charcuteries
C’est le seul moment où on a vraiment ri
Faut dire qu’on est végétarien
Mais à part la viande y avait rien
Ils nous ont trouvé un bout d’pain
Nous les Misters nous les Misters

Tout le monde se serre la ceinture
Nous les premiers bien entendu

On n’chante pas aussi bien qu’Pagny
On n’est pas des Pavarotti
C’est pas pour cela qu’on mérite
De chanter dans une salle si p’tite
Si encore elle avait un peu plus d’ charme
Que ce vieux local conçu pour des gendarmes
C’est peut-être pour c’la que le public
S’est révélé si apathique
N’a rien compris à nos chansons
S’est conduit en vrai mollasson

Pour nous, c’était une vraie galère
Que ce concert, nous les Misters

Maintenant on va sí’n aller
De ce patelin qui est si laid
Comptez pas sur nous pour revenir
Une ville comme ça nous fait vomir
Comme à chaque fois on r’part sous la pluie
C’est sûr, ce soir  ça ne fera pas un pli
Si c’est pas la pluie, c’est l’brouillard
En tout cas, bonsoir le cafard
Nos voix picardes sont fatiguées
Foutue soirée, quelle pitié

Il nous reste une seule chose à faire

Nous les Misters, reste à nous taire.